Vois-tu, j’ai l’impression, en venant vers toi, de quitter un monde, d’entendre les portes claquer derrière moi, des portes et des portes, car elles sont nombreuses, les portes de ce monde fait de malentendus, de fausses clartés, de bafouages. Peut-être me reste-t-il d’autres portes encore, peut-être n’ai-je pas encore retraversé toute l’étendue sur laquelle s’étale ce réseau de signes qui fourvoient – mais je viens, m’entends-tu, j’approche, le rythme – je le sens – s’accélère, les feux trompeurs s’éteignent l’un après l’autre, les bouches menteuses se referment sur leur bave – plus de mots, plus de bruits, plus rien qui accompagne mon pas –
Je serai là, auprès de toi, dans un instant, dans une seconde qui inaugurera le temps
Paul
janvier 1952